Les AT31 Pro nous tiennent compagnie depuis maintenant trois semaines. Trois semaines très riches en émotions, et en surprises ! Avant de vous (re)dire combien j’aime ces enceintes, et plus largement cette marque, je vais justement vous les présenter plus en détail.
Atlantis Lab est une petite entreprise française, cachée dans les montagnes du Puy-de-Dôme. La route aura été longue pour arriver à la gamme actuelle, comme le raconte avec une humilité non feinte son concepteur Eric Buy. Ce dernier a une approche de la conception d’enceinte à la fois très pragmatique, du fait de sa solide formation scientifique, mais également très empirique, parce que les enceintes, et bien, ça reste parfois mystérieux… cet apparent paradoxe n’en n’est pas forcément un d’ailleurs, la rigueur n’empêchant pas l’expérimentation plus intuitive.
Et vous n’êtes pas au bout de vos surprises en terme de paradoxe avec Atlantis Lab. En effet, plusieurs spécificités, parfois véritablement uniques, sont vraiment très inhabituelles dans le monde de la hifi. Ces particularités, que partagent toutes les enceintes de la gamme (à l’exception, pour certaines, de la “petite” AT13, la bibliothèque d’entrée de gamme), font des enceintes Atlantis des produits vraiment à part.
Voici donc les particularités communes aux enceintes AT :
- une finition simple, mais efficace : Atlantis a pris le parti de maximiser le rapport performance/prix de ses produits. Pour y parvenir, des solutions intelligentes ont été trouvées pour obtenir une finition élégante mais peu coûteuses. Autrement dit, quand vous achetez des enceintes Atlantis Lab, vous achetez bel et bien des enceintes, pas un objet de décoration ! Ce qui ne les empêche pas cependant d’offrir une esthétique particulièrement charmante (avec toute la subjectivité que cette dernière remarque suppose ;))
- un second medium/bass situé sur la face arrière : ce second haut-parleur permet aux AT (excepté donc la 13, la bibliothèque) de produire un grave à la fois très ferme et très contrôlé, tout en nuances. Ce grave est d’ailleurs l’une des marques de fabrique d’Atlantis. Il est toujours très étonnant par son ampleur d’abord, puis, après une écoute attentive, on découvre qu’il n’est pas seulement spectaculaire, il est surtout extrêmement nuancé, et juste. Les lignes de basse sont d’une lisibilité hors-norme !
- un évent réglable : ça, c’est probablement unique. Du moins, je ne connais pas d’autres constructeurs proposant un tel système. L’évent du bass-reflex chez Atlantis est constitué de deux cylindres s’emboitant parfaitement et dont la section arrière, située dans la caisse, coulisse. Ceci permet d’ajuster la phase du bass-reflex avec l’environnement, permettant d’optimiser la réponse en grave des AT dans virtuellement n’importe quelle pièce !
- des haut-parleurs pro : cette dernière spécificité est vraiment osée, a priori, mais s’avère en fin de compte être un pari complètement réussi, comme vous le constaterez plus loin dans ce compte-rendu. Le recours à des haut-parleurs pro assure aux AT des qualités rarement accessibles en hifi pour ce qui concerne la tenue en puissance (800w en continu et 1400 en crête pour l’AT31, sans la moindre compression !). Cela va sans dire, on parle ici de haut-parleurs de sonorisation haut-de-gamme, fournis par Eighteen Sound, un constructeur italien au-dessus de tout soupçon.
- un rendement élevé, voire très élevé : les colonnes de la gamme vont de 94,5dB pour les plus petites AT16 jusqu’à … plus de 100dB pour les AT31 ! Ce rendement permet une agilité extraordinaire à l’enceinte, et une rapidité palpable. Et bien sûr, il facilite le choix d’ampli, puisque l’on pourra obtenir un volume d’écoute très satisfaisant même avec les quelques watts d’un bon ampli à tubes. Ceci étant, elles n’ont pas peur des watts pour autant, comme on vient de le voir, et elles profitent assez largement d’une amplification solide.
Le décor étant posé, on peut se concentrer sur l’AT31 plus particulièrement. Seul modèle trois voies de la gamme, l’AT31 est très généreusement dotée en haut-parleurs : 1 woofer de 31cm en face avant, un autre de 26cm en face arrière, 1 medium en papier de 16 monté tout en haut du baffle, et juste en-dessous, une compression d’un pouce pour prendre en charge le haut du spectre. Loger tous ces drivers a nécessité une caisse de dimensions plutôt généreuses, d’environ 40x40x125cm. Ceci étant, sa forme rhomboïdale (pyramide tronquée) lui permet de ne pas faire si massive que ça, malgré ses 55kg !
Si vous avez déjà lu certaines critiques que je peux rédiger sur les produits que j’aime, vous vous doutez certainement que ce sera tout pour les données purement “techniques”. Je m’efforce de ne pas avoir d’a-priori, ni favorable, ni défavorable, qui serait lié aux spécifications, technologies, etc. Pourtant, je dois bien avouer qu’au vu de cette enceinte, j’ai craint un peu… j’ai craint l’excès de grave du fait de ses deux imposants boomers, j’ai craint une certaine acidité que pourrait causer la compression, enfin, j’ai craint… une signature trop spectaculaire, manquant de délicatesse, d’émotion.
Mais bien sûr, si je prends le temps d’écrire ces lignes, c’est bien que toutes ces craintes se sont évanouies dès les premières notes chantées par les AT31 ! Alors certes, de l’énergie, elles en ont à revendre, j’y reviendrai. Mais bien heureusement, c’est là la moindre de leur qualité en fin de compte.
Ce qui frappe certainement le plus à la première écoute – sous réserve de les avoir très précautionneusement mises en place -, c’est l’ampleur de la scène, largement aidée par leur gabarit, mais surtout la spatialisation à l’intérieur de cette scène sonore. Les enceintes s’effacent immédiatement, et chaque instrument, chaque voix le cas échéant, prend place au sein de la scène avec un naturel et une évidence qui sont littéralement hors-du-commun.
Puis, à mesure que l’on poursuit les écoutes, on se rend compte que cette scène est encore plus vaste qu’il n’y paraissait, qu’elle déborde assez aisément le cadre formé par les enceintes elles-mêmes, et qu’elle se déploie jusque très loin derrière leur plan. Il faut souligner que cette scène impressionnante est notamment rendue possible par la tenue des graves, qui peuvent descendre extrêmement bas (sans jamais en faire trop) et ainsi créer une matière énorme dans laquelle le medium s’épanouit avec aisance, et la compression vient sculpter une scène d’une précision incroyable. Plus surprenant encore peut-être, et on le doit là encore à leur gabarit ainsi probablement qu’au placement du medium tout en haut des caisses, cette scène offre une hauteur … grandeur nature.
Pour finir sur la scène, un autre phénomène est frappant à l’écoute des AT31 : leur capacité à se fondre intégralement dans l’image stéréo, au point qu’on en oublie très rapidement que l’on fait face à un système hifi, ce qui constitue assurément une qualité essentielle de tout système haut-de-gamme digne de ce nom ! En l’occurrence, je peux évoquer l’écoute d’une scène de l’opéra-portrait Satyagraha de Philip Glass, durant laquelle les AT31, propulsées par l’incroyable RA180 de Rose Audio (un ampli intégré montant jusqu’à 2x400x tout de même !), m’ont littéralement transporté jusqu’au premier rang de la salle ! Et je témoigne en connaissance de cause, pour avoir assisté par deux fois à des représentations de cette pépite à cette exacte position, dans deux opéras différents.
Ensuite, c’est par les timbres, leur finesse, leur justesse que l’on est surpris. Des voix que l’on pensait connaître par cœur se révèlent plus subtiles encore, plus fragiles parfois, plus humaines aussi. Naturelles, tout simplement. Cette sensation se précise très vite aussi sur les instruments. Ce n’est pas forcément évident d’ailleurs, de juger de la justesse d’un instrument. Mais pour qui est habitué à la musique vivante, on ne s’y trompe pas… les AT31 respectent éminemment les enregistrements, jusque dans les moindres détails, jusqu’à l’atmosphère de la prise de son. C’en est troublant !
Enfin, bien sûr, le grave ! Vous pourriez vous dire qu’avec un 31cm plus un 26cm dédiés aux basses fréquences, on pouvait s’y attendre, et ça ne devrait pas être une surprise. Pourtant, ce qui surprend éminemment, c’est la maîtrise totale de ce registre sur les AT31. Je l’ai déjà dit mais ça mérite d’être répété : les AT31 retiennent leur coup autant que nécessaire, pour ne pas surcharger le message de graves superflues comme cela arrive trop souvent sur d’autres enceintes, souvent beaucoup plus chères d’ailleurs, comparablement équipées sur ce registre. Mais quand la source le leur commande, elles savent descendre avec une fermeté incroyable, et un réalisme saisissant. Et dans tous les cas, que ce soit en retenue ou en déferlante, leurs graves sont toujours extrêmement modulées, délicates, pourrait-on dire, et ça, c’est vraiment épatant.
Pour conclure, si je compile toutes ces qualités, je peux résumer de la façon suivante : les AT31 vous plongent au cœur des œuvres, mieux que ça, vous téléportent face à la scène : tout le monde est là, les musiciens autant que l’acoustique de la salle. La sensation d’assister à la musique en train d’être produite est d’un niveau rarement atteint dans un système hifi, et quelque chose me dit que les Atlantis Lab en général, et les AT31 en particulier, avec leur présentation tellement “live”, pourraient bien réconcilier les musiciens avec la hifi !
J’allais oublier : si les haut-parleurs viennent d’Italie, les caisses sont intégralement fabriquées, assemblées et finies en France, y compris les (impressionnantes) pointes de diamètre M10 et les très beaux borniers massifs !
Voici donc ce que je pouvais dire des AT31 Pro d’Atlantis Lab. Le reste, tout le reste, ne peut pas être dit mais ressenti, et seule l’expérience de leur écoute peut rendre compte des émotions intenses qu’elles sont capables de susciter ! Pour terminer ce retour d’expérience, je peux affirmer que les AT31 ne se contentent pas de vous faire redécouvrir vos albums préférés, elles vous les font tout simplement découvrir !
Bonjour ,
Très intéressant votre compte rendu et agréable à lire ! Ces gros « Bébés « m’intrigue et m’attirent vu ce dont ils sont capable et surtout au prix où ils sont proposés ! A ce prix ( 10000€ ! ) et au delà qu’est ce qui peut rivaliser à tout point de vue et en prime , cette phénoménale tenue en puissance ( sans compression ) ?
Sur une des photos qui montre le bornier , je constate avec étonnement que votre exemplaire n’est pas équipé des trois interrupteurs qui servent à régler le filtre , alors que sur d’autres photos sur la toile , ils sont présent ! Étrange !
Bref , ces enceintes au prix où elles sont proposées, pourraient très bien représenter un aboutissement dans ma quête du Graal !
Merci
Bien Cordialement
Bonsoir Pascal,
merci pour cet aimable commentaire 😉
Concernant ces fameux interrupteurs, je dois dire que je n’en ai jamais vus, sur aucun des modèles qu’il m’a été donné de manipuler. J’ai posé la question au constructeur, j’attends sa réponse.
Pour le reste, les AT31 sont en effet de nature à clore la quête de très nombreux audiophiles, au moins sur la partie enceintes 😉 Mais le mieux que je puisse vous proposer, c’est encore de venir les écouter, car ce qu’elles ont à dire est bien plus intéressant et probant que ce que je ne peux en dire moi-même 😉
Cordialement,
Gauthier
Bonjour ,
Vous pouvez voir les interrupteurs dont je parle sur lien suivant :
https://www.lebeauson.fr/a-l-oreille/224-atlantis-lab-at31-ca-alors
Bien Cordialement
Très bon compte rendu, merci !
Je possède des AT23 et j’ai eu l’occasion d’écouter les AT38 que j’ai trouvé très bonnes, notamment dans le medium. Avez-vous pu comparer ces dernières avec les AT31 ? Si oui, laquelle vous a paru la meilleure, notamment au niveau de la descente dans le grave et de son articulation ?
Bonne journée
Vincent