Le vinyle, c’est souvent présenté comme un retour aux sources, une façon plus incarnée d’écouter la musique. Avec la Rega Planar 2 équipée de la cellule ND3, on n’est pas simplement dans la découverte « pour voir » : on met déjà un pied dans quelque chose de très sérieux.
La Planar 2, telle qu’elle est proposée aujourd’hui, est une platine qui mise sur l’essentiel : un excellent bras, une cellule très aboutie et une conception minimaliste pensée pour la musique avant tout. Le tout avec une philosophie très forte côté constructeur : Rega ne met pas d’argent dans ce qui ne produit pas de son.
Ajoutez à cela une fabrication et un assemblage en Angleterre, une cellule ND3 récente et performante, et vous obtenez une platine qui, à 750 € avec sa cellule, vise clairement celles et ceux qui veulent entrer dans le vinyle avec un vrai niveau de performance, sans tomber dans le gadget ni dans le luxe inaccessible.

Présentation générale
Avant de parler de la Planar 2 elle-même, il faut dire un mot de Rega. Officiellement, la société s’appelle Rega Research, et ce n’est pas anodin : c’est une maison très technique, qui investit énormément dans la conception de ses produits, et ça se ressent sur le résultat sonore.
Depuis plus de 50 ans, Rega fabrique des platines vinyles en quantité, mais aussi des électroniques et même des enceintes. C’est donc un constructeur qui a une vision assez large de la chaîne audio, pas uniquement focalisée sur la platine.
La philosophie maison est simple : des machines en quelque sorte « low cost » dans le bon sens du terme. Rega ne met pas d’argent dans les éléments qui ne produisent pas de son. Le budget passe dans ce qui compte vraiment pour les performances. Résultat : un rapport performance/prix excellent sur leurs produits.
Dernier point important : les machines sont fabriquées et assemblées en Angleterre par Rega. Une partie de la production est réellement réalisée sur site, ce qui, aujourd’hui, est loin d’être anodin. On préfère toujours que les constructeurs construisent eux-mêmes plutôt que de s’en remettre systématiquement à des sous-traitants à l’autre bout du monde.
Caractéristiques et fonctionnalités
Caractéristiques techniques
La Rega Planar 2 est une machine très simple, presque dépouillée. Visuellement, on retrouve :
- un châssis ultra fin, très épuré ;
- un plateau de verre, dépoli sur les bords dans le cas de la Planar 2 ;
- un bras droit ;
- et rien d’autre d’apparent.
Côté fonctionnement, il s’agit d’une platine entièrement manuelle, capable de lire les 33 et les 45 tours. Il n’y a pas de sélecteur de vitesse sur le châssis : le changement de vitesse se fait de manière manuelle, en intervenant directement sur la courroie sous le plateau.
L’électronique est quasiment inexistante, en dehors du strict nécessaire pour faire tourner le moteur. Pas de menus, pas de circuits complexes : on est sur quelque chose de très dépouillé.
Le bras est la pièce maîtresse de la machine. Sur la Planar 2, il s’agit du RB220 :
- bras droit de 9 pouces ;
- fabriqué dans un seul bloc d’aluminium ;
- avec porte-cellule intégré, non démontable ;
- vendu également seul à des particuliers ou à d’autres constructeurs qui ne maîtrisent pas la fabrication de bras.
Ce RB220 est un bras très performant, conçu pour limiter les vibrations parasites et capable d’exploiter des cellules de niveau déjà très sérieux.
Côté cellule, la Planar 2 est désormais équipée d’origine de la Rega ND3, une cellule relativement récente, sortie en septembre 2024. C’est une cellule :
- à aimant mobile (MM) ;
- équipée d’un diamant elliptique ;
- affichant un poids d’environ 6 g ;
- avec un niveau de sortie de 5,5 mV, relativement élevé, ce qui est très confortable pour des entrées phono ou des préamplis phono un peu faibles en gain.
La ND3 est vendue au détail à 229 €. C’est un élément important pour comprendre l’évolution du tarif de la Planar 2 : la platine a pris environ 120 € depuis qu’elle est livrée avec cette cellule, alors que la ND3 elle-même vaut environ 170 € de plus que l’ancienne Rega Carbon qui équipait la platine auparavant. En pratique, le rapport performance/prix de l’ensemble a donc progressé.
La ND3 profite aussi du fameux montage trois points cher à Rega. Là où la quasi-totalité des cellules du marché se fixent avec deux vis, les cellules Rega en utilisent trois. Sur un bras Rega, cela permet un alignement « automatique » de la cellule : vous fixez les trois vis, et vous êtes bon, sans gabarit complexe.
Dernier élément technique notable : Rega propose un système d’échange standard pour la ND3. Le diamant n’est pas remplaçable seul, mais lorsque celui-ci est usé ou cassé, il est possible de bénéficier d’un échange contre une cellule reconditionnée (ou neuve selon les cas) pour 115 €, soit à peu près la moitié du prix de la cellule. C’est souvent plus intéressant que de ne changer que le diamant, qui représente fréquemment jusqu’à 80 % du prix d’une cellule.
Usage et ergonomie
À l’usage, la Planar 2 est une platine très simple. Vous avez :
- un interrupteur marche/arrêt pour déclencher ou arrêter le moteur ;
- un plateau de verre que l’on retire pour accéder à la courroie ;
- un fonctionnement complètement manuel.
Cette simplicité a un avantage : ce type de machine est très fiable. Moins il y a d’électronique, moins il y a de choses qui tombent en panne. C’est un vrai point fort pour la longévité.
En revanche, le changement de vitesse manuel mérite qu’on s’y attarde. Pour passer de 33 à 45 tours, il faut :
- retirer le plateau ;
- déplacer la courroie sur une autre gorge de la poulie ;
- remettre le plateau en place.
La manipulation n’est pas très difficile, mais si vous alternez souvent entre 33 et 45 tours, cela peut devenir un peu pénible. Il arrive facilement qu’on oublie dans quelle position est la courroie, qu’on lance un 45 tours à 33 ou l’inverse, avec le résultat que vous imaginez.
Autre point à connaître : lorsqu’on passe en 45 tours, il ne faut pas laisser la platine dans cette configuration de manière permanente. À la longue, la courroie risque de se détendre si on la laisse constamment sur le diamètre correspondant au 45 tours. L’idée, c’est donc de repasser en 33 tours juste après l’écoute.
On note aussi l’absence de centreur pour les petits 45 tours (7 pouces). Là encore, ça montre bien que Rega ne vise pas prioritairement ce format : ce sont des machines pensées avant tout pour écouter des albums 33 tours, même si certains pressages audiophiles existent en maxi 45 tours et méritent évidemment d’être joués sur une belle platine comme la Planar 2.
Concernant la liaison vers votre système, le câble de modulation – celui qui transporte le signal jusqu’au préampli phono – est captif. Il n’est pas connecté via des fiches RCA femelles sur la platine mais directement fixé à l’intérieur. Rega utilise le même câble sur la Planar 1 et la Planar 2, et sa qualité reste assez basique. Techniquement, il est possible de le dessouder pour le remplacer, sans forcément perdre la garantie si c’est bien fait, mais cela demande un fer à souder et un minimum de savoir-faire.
Enfin, un point qui peut surprendre les néophytes : le réglage de la force d’appui n’est pas très conventionnel sur cette platine. Le système, basé sur un équilibre du bras puis l’utilisation de rivets sur le contrepoids comme indication de graduation, n’est ni le plus intuitif ni le plus pratique. Dans les faits, le plus simple reste d’utiliser un petit pèse-cellule pour régler précisément la force d’appui.
Ce que l’on a aimé
Le bras RB220, la pièce maîtresse
Le premier grand point fort de la Planar 2, c’est clairement son bras RB220. Sa longueur de 9 pouces, sa construction en un seul bloc d’aluminium et sa rigidité en font un bras très performant pour sa catégorie.
Non seulement il permet de profiter pleinement de la platine telle qu’elle sort du carton, mais il offre aussi une belle marge d’évolution. Le niveau de performance potentiel du RB220 autorise l’utilisation de cellules bien plus ambitieuses que la ND3. Autrement dit, si vous décidez un jour de monter en gamme côté cellule, vous n’êtes pas obligé de changer de platine.
La cellule ND3, cohérente et musicale
Deuxième gros point fort : la ND3. C’est une cellule qui séduit par :
- son niveau de détail ;
- la qualité de ses timbres ;
- le plaisir d’écoute qu’elle procure.
Elle est nettement plus cohérente que la Rega Carbon qui équipait auparavant la Planar 2. On a vraiment le sentiment que la cellule est au niveau de la platine, ce qui n’était pas totalement le cas avec la configuration précédente.
Son niveau de sortie de 5,5 mV est également un atout très concret : même si votre entrée phono ou votre préampli phono n’est pas extrêmement généreux en gain, cette sortie confortable permet de profiter sereinement de la platine.
Le montage trois points est un autre avantage pratique : il simplifie considérablement le remplacement de la cellule, surtout pour ceux qui souhaitent faire l’opération eux-mêmes. Pas besoin de se battre avec un alignement au micron près, tout est pensé pour que ce soit simple à mettre en place.
Enfin, le système d’échange standard proposé par Rega à 115 € environ, soit la moitié du prix de la cellule, est une approche intelligente et économique à long terme.
Le plateau de verre : esthétique et performances
Le plateau de verre de la Planar 2 est un élément à la fois esthétique et technique. Visuellement, le dépoli sur les bords donne un look très réussi, distinct du reste de la gamme où les plateaux sont polis intégralement.
Mais au-delà du style, le choix du verre a du sens pour les performances : c’est un matériau dense, peu coûteux, qui s’intègre parfaitement dans la logique Rega de chercher le meilleur compromis entre coût et résultat sonore. Sur la Planar 2, ce plateau de verre participe pleinement au niveau de performance de la platine.
Le « Made in England »
Dernier point positif à souligner : la fabrication et l’assemblage en Angleterre. Rega assemble tout sur place, et une partie des composants est réellement produite sur site.
Dans un contexte où beaucoup de marques confient la production à des sous-traitants éloignés, le fait de garder la main sur la fabrication est un choix qu’on apprécie particulièrement. C’est cohérent avec une approche sérieuse et engagée du produit.
La simplicité, gage de fiabilité
Le côté très dépouillé de la Planar 2, avec très peu d’électronique, est aussi un vrai point fort. Moins il y a de circuits, de réglages, de fonctionnalités annexes, moins il y a de risques de panne. Pour quelqu’un qui veut une platine qu’on branche, qu’on règle une bonne fois, et qu’on garde longtemps, cette simplicité est un argument important.
Ce que l’on a moins aimé
Bien sûr, tout n’est pas parfait, et il y a quelques points qui peuvent poser problème selon votre usage.
La sélection manuelle de vitesse
Le changement de vitesse manuel, en passant physiquement la courroie sur une autre gorge de la poulie, restera acceptable pour certains… et irritant pour d’autres.
Si vous écoutez presque exclusivement des albums 33 tours, ce ne sera probablement pas un sujet. En revanche, si vous alternez souvent entre 33 et 45 tours, la répétition de la manipulation peut devenir fastidieuse, avec en prime le risque d’erreurs (lancer un 45 tours à 33 ou l’inverse).
Il faut aussi garder à l’esprit la recommandation de ne pas laisser la platine en 45 tours pour ne pas détendre la courroie à la longue. Cela ajoute une petite contrainte supplémentaire.
Enfin, l’absence de centreur pour les petits 45 tours (7 pouces) traduit assez clairement le fait que Rega n’a pas vraiment pensé cette machine pour ce format.
Le câble de modulation captif
Le câble de modulation d’origine est clairement en retrait par rapport au reste de la machine. Sa qualité est plutôt basique, et le fait qu’il soit captif empêche de le remplacer simplement par le câble de son choix, que ce soit pour monter en gamme ou adapter la longueur.
Techniquement, il est possible de le dessouder pour le changer, mais ce n’est pas à la portée de tout le monde, et cela demande du matériel et un peu d’habitude.
Le réglage de la force d’appui
Le réglage de la force d’appui sur la Planar 2 est, disons-le, peu conventionnel. Le système de mise en équilibre du bras puis l’utilisation des rivets du contrepoids comme repères n’a rien de très intuitif.
Pour les néophytes, et même pour certains utilisateurs plus aguerris, ce n’est pas forcément le meilleur choix en termes d’ergonomie. Dans la pratique, l’achat d’un petit pèse-cellule est presque incontournable pour régler la force d’appui de manière confortable et précise.

L’avis de La Belle Écoute
Au final, la Rega Planar 2 équipée de la ND3 n’est pas une platine « d’entrée de gamme » au sens strict. La Planar 1 est là pour ce rôle. La P2 est plutôt une entrée dans quelque chose de sérieux : une première vraie platine hi-fi, pensée pour délivrer un plaisir d’écoute intense sans se perdre dans les effets de manche.
À 750 € avec sa cellule, on reste sur un budget qui n’est pas anodin. Mais lorsqu’on met ce tarif en regard de ce que propose la ND3 au détail, on réalise que le rapport performance/prix de l’ensemble est particulièrement intéressant, et même meilleur qu’avant la montée en gamme de la cellule.
La Planar 2 est aussi une machine évolutive : grâce au bras RB220, il sera possible, si l’envie vous prend un jour, de monter en gamme côté cellule sans avoir besoin de changer de platine. C’est une façon intelligente d’entrer dans le vinyle en se laissant une vraie marge de progression.
Les défauts que nous avons évoqués – sélection manuelle de vitesse, câble captif, réglage de force d’appui peu intuitif – sont bien présents, et il est important de les connaître avant l’achat. Pour certains, ce seront des détails. Pour d’autres, des points bloquants.
Mais si ces concessions ne vous rebutent pas, la balance reste clairement positive. La Planar 2 offre une qualité d’écoute qui, pour ce niveau de prix, est vraiment très satisfaisante, avec un caractère sérieux, cohérent et évolutif.
Conseils d’association
Conclusion
La Rega Planar 2, dans cette version équipée de la cellule ND3, représente une très belle porte d’entrée dans le monde du vinyle pour celles et ceux qui veulent une machine sérieuse, sans artifice inutile.
On y retrouve :
- un bras RB220 vraiment solide et évolutif ;
- une cellule ND3 musicale, détaillée, bien adaptée à la platine ;
- un plateau de verre dense et efficace ;
- une fabrication et un assemblage en Angleterre, qui donnent confiance dans la démarche du constructeur.
En face, quelques concessions : le changement de vitesse manuel, le câble de modulation captif, le réglage de force d’appui un peu étrange. Mais tant que ces points ne sont pas rédhibitoires pour vous, la Planar 2 tient parfaitement son rôle : vous offrir une entrée très sérieuse dans le vinyle, avec un plaisir d’écoute qui, à ce niveau de prix, a de quoi largement convaincre.
Si vous vous reconnaissez dans cette façon d’aborder la musique – simple, exigeante sur le son, peu intéressée par les gadgets – alors la Planar 2 mérite clairement de figurer sur votre liste.

